56 prersonnalités dans le collimateur d'Amadou Ali (09/01/2008)

Des barons du régime sont inquiets depuis que Paul Biya a annoncé la poursuite de la traque des détourneurs de deniers publics. Ils maudissent le vice-Premier ministre. Psychose. Le mot semble fort. Mais il traduit le trouble intérieur que subit aujourd’hui une soixantaine de membres du gouvernement, directeurs généraux et hommes d’affaires prospères. Quelques-uns d’entre eux ont en effet appris, il y a quelques jours, que leurs noms figurent sur une liste de personnes suspectées de crimes économiques. La nouvelle s’est vite répandue et l’essentiel des hiérarques du régime Biya est au courant. Après le discours du 31 décembre 2007 dans lequel le président de la République affirmait sa volonté de poursuivre la lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics, ces derniers vivent désormais dans l’angoisse, à l’idée de savoir qu’ils peuvent être cueillis d’un moment à l’autre comme Ondo Ndong et les autres victimes de l’opération Epervier. Cette peur, en tout cas, est légitime et paraît fondée. En septembre dernier, le vice-Premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux, Amadou Ali, a signé des lettres mettant en mission un spécialiste pour “ conduire une enquête d’expertise et d’investigation financières internationales contre la corruption et le détournement de fonds de l’Etat du Cameroun. ” La mission devait être effectuée dans les zones géographiques suivantes : Angleterre, Amérique du nord, Amérique du sud, Iles anglaises de Guernesey, Asie, Moyen-Orient, Europe et Afrique. Selon nos sources, Amadou Ali a également demandé aux chancelleries des Etats-Unis d’Amérique, de Grande Bretagne et du Canada d’apporter “ l’entraide nécessaire auprès des services d’investigations financières de leur pays ” afin que son émissaire puisse remplir sa mission avec succès. 64 suspects, 8 incarcérés Le missionnaire a ainsi effectué son travail sur la base d’une liste de suspects. L’un des fichiers établis dans ce cadre a répertorié 64 noms de personnalités. Sept parmi eux se trouvent déjà en prison. Il s’agit des premières victimes de l’opération Epervier (Emmanuel Ondo Ndong, Gilles Roger Belinga, Joseph Edou, Alphonse Siyam Siwé) et d’autres personnes condamnées avant 2006 dans le cadre des procès (politiques ?) de corruption et détournements (Mounchipou Seidou, Pierre Désiré Engo, Michel Thierry Atangana Abega). Selon toute vraisemblance, la liste aurait été confectionnée avant le 12 décembre 2007, date de la condamnation d’Edouard Nathanaël Etondè Ekoto à 15 ans d’emprisonnement ferme. En effet, le fichier des personnes ainsi suspectées de crimes économiques ne précise pas devant le nom de l’ancien président du conseil d’administration du Port autonome de Douala qu’il est incarcéré, comme c’est le cas pour les 7 autres personnalités. On se rappelle que ce dernier avait comparu libre jusqu’à ce que sa culpabilité soit retenue par le tribunal de grande instance du Wouri. Le travail ainsi commandé paraît normal puisqu’il est nécessaire dans la recherche des indices permettant d’inculper les suspects. Mais il semble plutôt administratif et politique, dans la mesure où la décision d’investigation n’émane pas de la Justice, entendue comme pouvoir distinct de l’exécutif. Elle reste donc interprétable et contestable selon les intérêts de chacun. Néanmoins, les suspects sont déstabilisés, à en juger par les réunions secrètes et les messes noires organisées ces jours-ci pour savoir si c’est le président Biya lui-même qui a ordonné ce travail à travers Amadou Ali. Les personnalités ayant découvert leurs noms attendent d’être interpellées, entendues, inculpées peut-être, et de comparaître pour établir leur innocence ou leur culpabilité. Le Messager, en tout cas, se fera le devoir de suivre, pour ses lecteurs, le déroulement de l’affaire. Source : Le messager