Mort du chef Batcham, Un Choc Le 23 Décembre 2007 Le décès de S.M. Francis Hervé Sonkoué Tatang a été constaté mercredi 19 décembre 2007. Un notable et deux de ses épouses interpellés par la gendarmerie. Il ne verra pas l’an 2008 ! Après six années seulement à la tête du groupement, le souverain du peuple Batcham dans le département des Bamboutos s’en est allé sur la pointe des pieds. Selon des témoignages recueillis à Batcham, le corps de sa majesté Francis Hervé Sonkoué Tatang, chef de premier degré, a été retrouvé dans la chambre de l’une de ses épouses à la chefferie aux environs de 12h le mercredi 19 décembre. La nouvelle a provoqué une onde de choc d’abord dans le groupement, puis dans les localités du pays où il existe des communautés batcham organisées. Les circonstances de ce décès restent floues, surtout que le chef ne souffrait pas d’une maladie connue de ses proches.“Tout ce que nous savons c’est qu’il est décédé brusquement. Le médecin a fait des prélèvements pour établir l’autopsie. Les enquêtes sont ouvertes”, affirme le sous-préfet de l’arrondissement de Batcham, Emile Simon Mooh. Toute la matinée d’hier, 20 décembre, les membres du collège des neuf notables ainsi que les serviteurs du chef Batcham ont été entendus à la brigade de gendarmerie. Deux des épouses du défunt ont aussi été interrogées. Parmi elles, la nommée Aimée Kaho. Des princes affirment que c’est avec cette dernière que le chef aurait passé les derniers instants de sa vie. Parallèlement aux enquêtes menées par la gendarmerie de Batcham, les notables mènent une enquête pour déterminer les causes du décès du chef Sonkoué Tatang. Des sources introduites indiquent que ces derniers ont procédé à une autopsie de la dépouille. Pour les dignitaires batcham, les origines de ce décès sont mystiques. “On m’a aussi appelé de venir le voir lorsqu’il était déjà mort. Nous sommes dépassés par les événements. On sait que dans la soirée de mardi [18 décembre, ndlr] il a bu avec des gens jusqu’à une heure tardive de la nuit”, explique un notable ayant requis l’anonymat. Une rumeur persistante dans le groupement laisse entendre que S.M. Sonkoué Tatang est ainsi victime d’un assassinat (mystique) dans lequel un notable est impliqué.Guerre de succession… ?Au-delà des spéculations, les populations de Batcham portent déjà le deuil de leur 13e souverain. Assises à même le sol à l’entrée de la chefferie ce jeudi 20 décembre, des femmes ont le visage mouillé de larmes. Pour l’instant, aucun chant de requiem n’est entonné. Regroupés en clan d’âge, les hommes, quant à eux, devisent. Au milieu de la grande cour de la chefferie, la cloche d’appel est exposée. A mesure que les minutes s’égrènent, l’affluence prend de l’ampleur. La majorité des princes proches du défunt brandissent des menaces contre ceux qui l’auraient tué mystiquement. “ On s’est appelé dans la soirée du mardi 18 décembre. Il m’a annoncé que l’une de ses femmes venaient de mettre un nouveau né au monde. On était en joie. Et on a promis de se rappeler le lendemain… Nous faisons confiance aux enquêtes qui sont actuellement menées au plan traditionnel. Personne ne doit bouger de cette chefferie. Il faut que la vérité soit connue de tous. Les choses doivent se dérouler comme à Babété [village voisin de Batcham, ndlr]. C’est l’un de ses fils, même s’il est mineur, qui doit hériter du trône”, avertit un prince. Dans le camp opposé au défunt chef, l’on estime qu’il paye les frais de son usurpation, arguant que son accession au trône avait été entachée d’irrégularités.Que ne dit-on pas, quand un souverain de la trempe du chef Batcham décède de cette façon-là ? En attendant les conclusions des différentes enquêtes, une chose est sûre, c’est que le groupement aura un autre chef qui n’est pas Sonkoué Tatang. A trente-six ans, l’électronicien de formation désigné pour le trône le 29 avril 2001 tire ainsi sa révérence.