TRADITIONS

Bamiléké et Bamoun sont deux ethnies les plus importantes du Cameroun et leur origine comme celle des Tikar reste encore aujourd'hui sujet à discussion. En effet une hypothèse admet que le peuple binam (du soleil couchant) serait les descendants de la 12e tribu d'Israël disparue durant l'exode entre l'Egypte et la terre promise, qui aurait alors remonté le Nil en direction du Kenya d'où il serait parti pour se retrouver dans la plaine Tikar, au Nord-Ouest du Cameroun. Certains rites caractérisent l'ensemble des peuples issus de cette migration: Danses traditionnelles, musiques traditionnelles, diverses coutumes pratiquées à l'aide de nombreux supports parmi lesquels; le Ndedieup, le Nou-kheu, la Kola, le Feukeuk, le Tam-tam, la queue du cheval, le Nze-ndop, les cauris. De ce fait et à quelques variantes près, les traditions chez les Bamiléké sont identiques. La chefferie Le Chef est à la tête de la hiérarchie traditionnelle. Dépositaire des coutumes ancestrales, personnage sacré au pouvoir divin, il veille à la sécurité de son peuple. Aussi la désignation de son successeur a t-elle un caractère absolu et sacré. Si par des forces intérieures ou extérieures un usurpateur arrivait à prendre le pouvoir, le culte est interrompu et le village est frappé de plusieurs malheurs. Quoique le chef a sur son village une autorité illimitée, il vit sur la hantise de ses notables car ceux-ci pris ensemble ont sur lui un droit de vie ou de mort. Ils le placent au trône comme ils peuvent l'en éliminer. En principe, le chef tire son autorité de sa légitimité: Il doit en effet être fils de chef, né quand son père était au trône, avoir été choisi par son défunt père qui avait alors confié son nom aux NKEP'FEU (notables qui intronisent les chefs). Il sera arrêté lors du deuil de son père et conduit au LA'KEP en vue d'y être initié à sa fonction de chef et aux secrets magiques: Cette légitimité lui confère l'autorité de chef, qui devient alors le garant de la prospérité et de la survie de la chefferie. Désignation et intronisation d'un chef La désignation et l'intronisation d'un chef sont du ressort de deux collèges de grands notables: Le premier collège constitué de sept membres, NKEP SO'MBA, qui a pour responsabilité de présenter aux populations le successeur du chef défunt. Le deuxième collège constitué de neuf membres, NKEP VEU'HE, qui a pour mission d'assurer la formation du nouveau chef durant son séjour au LA'KEP. Le respect du chef Le respect du chef est le fondement même de la tradition bamiléké. Les signes et des marques distinctifs officiels régissent les rapports entre le chef et ses sujets. Citons quelques exemples: -Tout individu de rang inférieur doit se décoiffer devant le chef, pratique valable entre deux chefs de rangs différents. -Personne n'a le droit de s'assoir sur la chaise d'un chef. -Aucun sujet sans titre ne peut s'assoir sur la chaise d'un chef de quartier, d'un sous-chef ou d'un notable. Un principe général en droit coutumier étend ces pratiques à l'ensemble des villages Bamiléké. Un ressortissant, notable ou non d'un village Bamiléké doit garder vis-à-vis de tous les chefs Bamiléké coutumièrement ou normalement intronisés, les mêmes préséances. De même, un titre nobiliaire, le rang social d'un notable et la hiérarchie coutumière qui lui sont reconnus par un chef Bamiléké sont valables et produisent les mêmes effets dans tous les villages Bamiléké; Le rang du chef est indépendant de sa personnalité et de sa capacité juridique. Il jouit de tous ses droits et de son rang, qu'il soit mineur, vieux, ou même aliéné mental. Il ne perd sa qualité et son rang que par la mort ou la guerre. Le chef étant l'incarnation même de la noblesse, ne doit pas être abordé de n'importe quelle manière c'est ainsi que pour l'aborder il faut se décoiffer, taper les deux mains comme pour attirer son attention, ensuite former un poing à moitié fermé avec l'une des deux mains et le pauser dans la paume de l'autre main et enfin porter tout ceci tout près de la bouche et dire soit Ya Mbeloug soit Zé Mbeloug. Une société féodale ouverte aux valeurs démocratiques La qualité du citoyen, le rang, le titre d'un menbre de la communauté varie dans le temps, notamment en fonction du mérite personnel. La promotion sociale Bamiléké s'effectue par l'admission du promu dans l'un ou l'autre des multiples conseils de notables, et se caractérise par une gradation de plus en plus élevée sur la pyramide de la hiérarchie des cadres coutumiers. Cette gradation hiérarchique et progressive constitue une sorte d'école de la vie, où les futurs conseillés et notables sont formés à l'exercice du pouvoir. Dans la société Bamiléké, le seul mérite d'un individu peut le conduire du tréfonds de la hiérarchie sociale jusqu'au plus haut degré de dignité. Cependant, une fois acquise, celle-ci devient héréditaire et se transmet de père en fils. Il ressort de l'analyse de l'organisation de la hiérarchie sociale chez les Bamilékés que la société est fondée sur un modèle original de féodalité démocratique. Les valeurs personnelles de l'individu, sa bravoure, sa vaillance,son intelligence et ses mérites peuvent le conduire jusqu'au sommet de la pyramide sociale, le seul poste réservé étant celui du chef (en temps de paix). Les sociétés secrètes Les socétés secrètes sont spécifiques au pays Bamiléké. Dans une chefferie, ont peut dénombrer plusieurs dizaines de sociétés qui peuvent être réparties en deux ensembles: les sociétés politico-administratives tel que le conseil des neufs, les sociétés guerrières, et les sociétés magico-réligieuses tel que le conseil des sept, les sociétés totémiques. Les principaux rôles de ces sociétés sont de sécuriser l'individu en le protégeant par des pratiques et /ou magico-réligieuses, assurer la promotion de l'individu, permettre au chef de bien diriger son peuple. Tout individu peut avoir accès aux sociétés secrètes, soit par mérite, soit par succession. NKEP VEU'HE Il s'agit d'un conseil constué de neuf membres. Doté de pouvoirs importants, il reçoit la désignation du successeur au trône après avoir prêté serment d'en garder le secret jusqu'à la mort du chef. Bien qu'il puisse s'en passer, le chef n'agit jamais sans prendre son avis et ses décisions sont généralement le résultat d'un consensus. Il est à noter que les membres du conseil des 9 son inammovibles, puisqu'on y accède par voie de succession. Cette forme d'éligibilité confère à ces membres une certaine indépendance vis à vis du chef, celui-ci n'ayant pas le pouvoir de les démettre. NOTION GENERALE ORGANISATION SOCIALE CHEZ LES BAMILEKE pourtant l’organisation sociale et politique des Bamiléké impose le respect de l’autorité comme valeur cardinale la société Bamiléké est composée de multiple villages indépendants les uns des autres, avec à leur tête un chef, autorité politique et religieuse de la communauté. Le chef, appelé fo’o , est un descendant de la dynastie fondatrice du village. Son autorité est globale et s’étend sur tous les domaines : personnes, biens, terres. Afin de limiter son pouvoir qui frôle celui de la divinité, le chef est entouré d’un conseil de notables ; les 9 comme on les appelle en ce fondant sur leur nombre. Le conseil, qui reçoit la désignation du successeur au trône après avoir prêter serment d’ en garder le secret jusqu’à la mort du chef est doté des pouvoirs importants. Bien qu’il puisse s’ en passer, le chef n’agit jamais sans prendre son avis, et ses décisions sont généralement le résultat d’un consensus. Il est à noter que les membres du conseil des 9 sont inamovibles, puisqu’on y accède par voie de succession. Cette forme d’éligibilité confère à ces membres une certaine indépendance vis à vis du chef, celui- ci n’ayant pas le pouvoir de les démettre. En dehors du conseil des notables, le pouvoir politique repose aussi sur l’existence d’une multitude de sociétés plus ou moins secrètes, donc l’autorité dans leur domaine de compétence peut frôlé la souveraineté. LA CHEFFERIE BAMILEKE EXPRIME L’UNITE DE LA COMMUNAUTE DU VILLAGE Elle représente le bien collectif constitué par la terre du village . Le représentant de cette collectivité étant le chef , la chefferie est un grand domaine comprenant 50 à 100 cases et plus , suivant l’importance du village et du harem du chef . De grandes cases abritant les sessions de différents grands conseils de notables ou les conseils privés du chef s’intercalent entre les habitations des épouses du chef , qui vivent chacune dans son foyer en compagnie de ses enfants . Ces immeubles de taille relativement importante porte le nom du conseil qui y siège . Ainsi il existe donc autant de cases de conseils qu’il y a de conseils dans la chefferie . Les cases de conseil ont un caractère sacré : en dehors de la mère du chef , aucun membre de la gent féminine ne peut y pénétrer , pendant ou en dehors des sessions . Le service et l’entretien des lieux sont assurés par des serviteurs du chef . L’entrée dans ces lieux de débat est formellement interdite à toute personne non-membre du dit conseil . Avant la pénétration européenne , la chefferie , chef-lieu du village ou capitale de la cité dans le cas des villages indépendants ( Lah-Lepeù ) , était le lieu où se réglait toutes les questions politiques , sociales et économiques du village . Pour chaque type , le chef s’entourait des cadres coutumiers appropriés . Les principales affaires débattues dans ce lieu concernaient les questions de frontières, la levée des impôts , le règlement des litiges , les négociations commerciales , etc... Toutes les chefferie Bamiléké n’ont pas le même rang. On distingue deux grandes catégories : 1) Les chefferies de Lah-Lepeù : villages jamais dominés ni vaincus et indépendants . Ces chefferies sont généralement considérées comme des chefferies supérieures . 2) Les chefferies de Lah-To’ : petit village dépendant d’une grande chefferie qui , soit les a soumises , soit les a offert sa protection . Dans ce cas , la chefferie supérieure assure les relations extérieures , les rapports politiques avec les autres villages , la défense et la sécurité du village sous protectorat . la chefferie supérieure peut comprendre plusieurs chefferie sous protectorat . Ces derniers ont un chef qui est considéré par le pouvoir central comme une sous-chefferie construite selon les même principes que la chefferie supérieure , mais avec une ampleur et une architecture moins étendue que celle-ci . L’administration coutumière du village est assurée par les organes coutumiers locaux , mais les grands conseils de notables disparaissent au profit des conseils de la chefferie supérieure dont la juridiction s’étend uniformément aux chefferie sous-protectorat . Toutefois , l’avis des chefs ou des notables des chefferies sous-protectorat est requis pour toutes les questions concernant leurs localités . Par ailleurs , les notables des villages placés sous-protectorat intègrent , avec leur rang et leurs titres , les grands conseils analogues de la chefferie supérieure . LE RESPECT DU CHEF , FONDEMENT DE LA TRADITION BAMILEKE Chez les Bamiléké , les signes et des marques distinctifs officiels régissent les rapports entre le chef et ses sujets . Citons quelques exemples : Tout individu de rang inférieur doit de décoiffer devant le chef , pratique valable entre deux chefs de rangs différents ; personne n’a le droit de s’asseoir sur la chaise d’un chef . Aucun sujet sans titre , ne peut s’asseoir sur la chaise d’un chef de quartier , d’un sous-chef ou d’un notable ; un principe général en droit coutumier étend ces pratiques à l’ensemble des villages Bamiléké . Un ressortissant , notable ou non d’un village Bamiléké doit garder vis-à-vis de tous les chefs Bamiléké , coutumièrement ou normalement intronisés , les mêmes préséances , de même , un titre nobiliaire , le rang social d’un notable et la hiérarchie coutumière qui lui sont reconnus par un chef Bamiléké sont valables et produisent les mêmes effets dans tous les autres villages Bamiléké ; le rang du chef est indépendant de sa personnalité et de sa capacité juridique . Il jouit de tous ses droits et de son rang , qu’il soit mineur , vieux , ou même aliéné mental . Il ne perd sa qualité et son rang que par la mort ou la guerre . UNE SOCIETE FEODALE OUVERTE AUX VALEURS DEMOCRATIQUES La qualité du citoyen , le rang , le titre d’un membre de la communauté varie dans le temps , notamment en fonction du mérite personnel . La promotion sociales Bamiléké s’effectue par l’admission du promus dans l’un ou de l’autre des multiples conseils de notables , et se caractérise par une gradation de plus en élevée sur la pyramide de la hiérarchie des cadres coutumiers . Cette gradation hiérarchique et progressive constitue une sorte d’école de la vie , où les futurs conseillers et notables sont formés à l’exercice du pouvoir . Dans la société Bamiléké , le seul mérite d’un individu peut le conduire du tréfonds de la hiérarchie sociale jusqu’au plus haut degré de dignité . Cependant , une fois acquise , celle-ci devient héréditaire et se transmet de père en fils . Il ressort de l’analyse de l’organisation de la hiérarchie sociale chez les Bamiléké que la société est fondée sur un modèle original de féodalité démocratique . Les valeurs personnelles de l’individu , sa bravoure , sa vaillance , son intelligence et ses mérites peuvent le conduire jusqu’au sommet de la pyramide sociale , le seul poste réservé étant celui du chef ( en temps de paix ) . LES SOCIETES SECRETES Les sociétés secrètes sont spécifiques au pays Bamiléké . Dans une chefferie , on peut dénombrer une centaine de sociétés qui peuvent être réparties en deux ensembles : Les sociétés politico-administratives . Exemple : le conseil des neufs ( M’kamvù ) , les sociétés guerrières ( Madjoung , les Kù’ gaing ) Les sociétés magico-religieuses . Exemple : le conseil des sept ( Mkam sombeù ) . Les sociétés totémiques ; les Ku’gaing , police secrète en relation avec les forces invisibles de la nature . Les principaux rôles de ces sociétés sont de : Sécuriser l’individu en le protégeant par des pratiques guerrières et/ou magico-religieuses, Assurer la promotion de l’individu ; Permettre aux chefs de bien diriger leurs populations . Tout individu peut avoir accès aux sociétés secrètes , soit par succession , soit par mérite . SOURCE : CAMAROES N0 003, GNIEUP