MASSACRE DES BAMILEKES PAR L’ARMEE FRANCAISE EN 1960

12 Juillet 2006 A NE PAS IGNORER Campagne militaire Francaise en Pays Bamileke. Chronique d'un genocide annonce. Parmi les grands crimes commis par la France aux quatre coins du globe figure un, sans doute le plus scandaleux, premedite, planifie et execute par le General de Gaulle au tournant des annees 60. En pleine guerre froide, il n'y a pas de camera pour filmer, ni de reporters pour ecrire. Entre les chaines montagneuses du pays BAMILEKE, les Chasseurs-bombardiers francais se livrent a l'implacable jeu de la mort. Les populations indigenes qu'on massacre ainsi n'ont rien pour se defendre. La situation geographique de la region martyrisee n'arrange fatalement pas les choses. Le pays BAMILEKE est, a ce moment-la, la seule province camerounaise qui ne partage pas de frontieres avec un pays voisin. Il n'y aura pas d'exode vers les frontieres, ni de Camps de Refugies. Il n'y aura pas de Croix Rouge, ni de Medecins Sans Frontieres. Il y a pourtant une sorte d'unanimite et de consensus international sur ce crime. L'ONU, de laquelle la France tient son mandat de Tutelle, restera etrangement muette. La Grande Bretagne, l'autre Mandataire et Alliee de la Premiere Guerre Mondiale, est de l'autre cote de la montagne, a un vol d'oiseau de Mbouda et de Dschang. Les vas et vient des bombardiers francais n'ont certainement pas echappe a la vigilance des services secrets de sa Majeste. Son silence est, sans aucun doute, un acte de solidarite occidentale. Le Vatican, dont on connait la capacite a fustiger les crimes de cette ampleur, n'en dira pas un seul mot. Pire, les ecoles et colleges missionnaires a l'Ouest du Cameroun ont abrite le corps expeditionnaire francais. Il s'agit, peu de gens le savent, de l'un des plus grands genocides de l'histoire de l'Humanite. Le rayonnement international de la France, qui beneficie de la Loi du silence de l'ordre blanc mondial, va reussir a etouffer le crime. Aujourd'hui, les jeunes Camerounais sont surpris lorsqu'on leur apprend, de maniere anecdotique helas, l'histoire de cet effroyable drame. Le General de Gaulle s'est rendu ainsi coupable d'un deuxieme genocide: Le genocide de la Memoire. La plupart des Officiers francais qui font partie du Corps expeditionnaire sont d'anciens tueurs de la Guerre d'Indochine. Ils ont ete recases au Cameroun, en raison, croit-on savoir, des Accords de Defense Militaires passes entre M. Ahidjo et Charles de Gaulle. Le Cameroun n'est pourtant pas, si l'on se refere a ces fameux Accords de Defense, sous la menace d'un pays etranger. Le Ministre de la defense de M. Ahidjo, un certain Sadou Daoudou, - dont le nom devrait entrer dans le registre sinistre des criminels de guerre n'aura pas de mal a convaincre son homologue Francais Pierre Guillauma. Jacques Foccart, le Rambo francais des tropiques, est favorable a l'extermination massive des BAMILEKE, que des rapports des services de la SDECE - dont ceux d'un certain Jean Lamberton presentent comme une dangereuse menace pour les interets Francais au Cameroun. Sur place a l'Ouest du pays, dans le champ des operations, se trouve Andze Tsoungui, ministre aujourd'hui retraite. Parmi les Officiers du Corps expeditionnaire, figure Max Bardet, Pilote d'helicoptere. Comme beaucoup d'autres, il a pris une part active aux bombardements. Il a survole et bombarde, avec une cruaute qu'il n'a jamais niee, le pays BAMILEKE. Voici un temoignage edifiant qu'il a fait en 1988 dans un livre intitule OK Cargo. Bardet sait tres bien de quoi il parle. Voici sa declaration: " En deux ans, de 1962 a 1964, l'armee reguliere a completement ravage le pays BAMILEKE. Ils ont massacre de 300 000 a 400 000 personnes. Un vrai genocide. Ils ont pratiquement aneanti la race. Sagaies contre armes automatiques, les BAMILEKE n'avaient aucune chance(.) Les villages avaient ete rases, un peu comme Atilla " Bardet prononce bien les mots genocide, race aneantie, villages rases. un peu comme Atilla. Ces mots funebres ne sont pas prononces par un profane, mais par un militaire, acteur et temoin d'un crime. La comparaison que cet Officier fait avec Atilla n'est pas fortuite. Pour ceux qui connaissent un peu l'histoire triste de ce petit village martyr du Liban, il est meme etonnant qu'il ait eu des survivants a l'ouest du Cameroun. Ce temoignage a lui seul constitue un element de preuve dont un Tribunal International = Special devrait un jour tenir compte. Bardet avance le chiffre de trois a quatre cents mille victimes. Rien qu'en deux ans!!! Combien y-a-t-il eu entre 1964 et 1970, date annee de la fin de la campagne de " pacification "? Combien y en-a-t-il entre 1955 et 1962? C'est pour repondre a cette question que nous enquetons en ce moment a l'ouest du Cameroun. Les recherches se feront maison par maison, quartier apres quartier, et pour cela, la collaboration totale de toute personne resident en territoire BAMILEKE est indispensable, car il est evident qu'aucune famille BAMILEKE n'a echappe aux massacres. Constantin Melnik a ete, dans les memes annees 60, un haut responsable de l'Etat Francais.Il etait conseiller des services secrets de Michel Debre, alors Premier Ministre de France, sous la presidence de Charles de Gaulle. Dans un livre qu'il a publie en 1996 aux Editions Plon, intitule " La mort etait leur mission ", Melnik raconte, page 195, l'epopee sanglante du Corps expeditionnaire francais au Cameroun. " Apres la decolonisation orchestree par le General de Gaulle, des troubles avaient eclate au Cameroun. Ou se situait, a propos ce putain de pays et quelles etaient son histoire et sa singularite? Une fraction extremiste regroupant les BAMILEKE s'etait soulevee. Selon une tradition africaine qui n'etait pas encore relayee par la television, des massacres avaient eu lieu, suivis d'une repression ou les forces gouvernementales, epaulees par des Conseillers militaires francais, n'avaient fait preuve d'aucune reserve. Tentes par une aventure africaine, des camarades du Colonel Martineau etaient partis piloter des helicopteres et ils etaient revenus lourds de recits de cadavres flottant au fil de l'eau ou pourrissant dans la foret " Dans ce livre qui a secoue la France par la justesse de son contenu et le franc-parler de son auteur, Melnik, aujourd'hui retraite, reconnait que les crimes de la France sous le General de Gaulle, ont inscrit le nom du President Francais en tete sur la tableau des horreurs, tres loin devant des personnages aussi ignobles que Staline. Melnik n'etait pas n'importe qui. Il a participe a toutes les strategies d'extermination elaborees par les services secrets Francais, et n'ignorait rien des methodes et de la maniere utilisees par le Corps expeditionnaire. Comme Max Bardet, Constantin Melnik dresse un bilan effroyable de ce crime. Des cadavres qui flottent au fil de l'eau ou pourrissent dans la foret. Le livre de Melnik est un precieux temoignage. Le Ministre des armees de Charles de Gaulle, Pierre Guillauma, a evoque cette tragedie en des termes plutot elogieux. Dans " La Francafrique ", un livre publie aux Editions Stock en Avril 98 par Francois Xavier Verschave, celebre chercheur Francais, voici = ce que Mr. Guillauma declare: " Foccart a joue un role determinant dans cette affaire. Il a mate la revolte des BAMILEKE avec Ahidjo et les services speciaux. C'est la premiere fois qu'une revolte d'une telle ampleur a ete ecrasee convenablement. Il a ete tres sage pour ne pas exciter l'armee ". C'est le ministre des armees qui parle. La posterite appreciera. Y-a-t-il de preuves plus convaincantes que celles, aussi claires, qui sortent de la bouche d'une personnalite de ce rang? Jamais, de memoire d'homme, on n'a vu un pays qui accepte d'une facon aussi pertinente et triomphaliste la responsabilite d'un desastre. Max Bardet, Constantin Melnik, Pierre Guillauma, Foccard., ont bien reconnu la responsabilite d'ailleurs indiscutable de la France dans ce genocide. Quatre personnages qui forment une chaine dont le gros maillon de depart n'est autre que Charles de Gaulle, Chef de la France libre, que le Cameroun a pourtant accueilli et aide en 1940 apres sa lourde et cuisante defaite a Dakar. Au tournant des annees 40, Hitler a occupe la France et Petain est a la collaboration. Charles de Gaulle quitte le pays et se refugie a Londres d'ou, avec l'aide de Winston Churchill, il va prendre la tete d'une force d'expedition qui partira des Cotes de Liverpool, au nord de l'Angleterre, en septembre 1940. De Gaulle va sillonner les cotes africaines a la recherche de points strategiques. A la tete de cette armada, il lance une attaque a Dakar, sur les positions strategiques d'une armee encore fidele a Petain. Du = 23 au 25 septembre 1940, l'attaque est etouffee dans l'oeuf, l'armada detruite, et de Gaulle a juste le temps de s'enfuir. Aucun pays de la cote ouest Africaine n'est dispose a accueillir le General dans sa fuite. Sauf le Cameroun. Le 8 octobre 1940, de Gaulle debarque au port de Douala. Sur le quai, Leclerc, alors Colonel, est venu l'accueillir. Avec lui, plusieurs milliers de personnes, qui viennent parfois du fond des campagnes camerounaises. Le visage de de Gaulle s'epanoui subitement. Il dira dans son discours de remerciements " Aujourd'hui, la confiance est revenue en moi " Le long sejour du General en terre camerounaise sera marque par une telle hospitalite qu'il decidera d'implanter sa base arriere a Douala. Toute la campagne orchestree dans la sous region de l'Afrique Centrale sera lancee a partir du Cameroun, qui deviendra = ainsi dans ses reves , et plus tard dans la realite, la base historique d'ou sont parties les campagnes militaires decisives des pays d'Afrique rallies qui ont permis de liberer la France. Si les patriotes Camerounais, toujours inflexibles lorsqu'il s'agit de Liberte, n'avaient pas consenti a aider de Gaulle a ce moment crucial de l'histoire de la France, nul ne peut dire avec exactitude ce que les Francais seraient devenus. La France doit sa Liberation et sa prosperite aux Camerounais. Particulierement aux BAMILEKE. Voici pourquoi : L'Allemagne a ete de tout temps un voisin redoutable pour la France, sorte de cobaye ou les Allemands ont experimente toutes leurs visees imperialistes. Peu avant l'eclatement de la Premiere Guerre Mondiale, L'Allemagne a aussi tente d'etendre son influence en Afrique. Faisant usage d'une grande brutalite, son protectorat s'est rapidement repandu sur les Cotes. Debarques a Douala, ils condamnent Douala Manga Bell qui s'oppose a leurs methodes et l'executent par pendaison. Il s'agit d'une mise en garde severe a tout recidiviste. La conquete du Littoral camerounais est une partie de plaisir pour Bismark et ses hommes. Les colons allemands progressent tranquillement et se dirigent vers l'ouest du pays, a coup de travaux forces. En territoire BAMILEKE, Ils seront surpris par la riposte. La resistance des Patriotes est foudroyante. Les methodes allemandes, pour la premiere fois en Afrique, enregistrent un cuisant echec. Ils optent pour la ruse qui echoue. C'est alors qu'ils acceptent de negocier. Les Allemands ont compris tres vite qu'il est inutile de faire la guerre a un peuple qui fait preuve d'une telle determination. Les BAMILEKE n'ont pourtant pas une tradition militaire. En 1940, Ils vont mettre cette experience historique au service de Charles de Gaulle. L'aide ne s'arretera pas la. Universellement reconnus pour leur sens legendaire de l'epargne, les BAMILEKE vont mobiliser une forte somme d'argent l'argent etant le nerf de la guerre qu'ils remettront a titre de pret au General contre une reconnaissance de dette que de Gaulle et la France n'ont jamais honoree. Ce bref retour a l'histoire a une valeur pedagogique. Il retablit une verite encore une, qu'aucun livre d'histoire au Cameroun n'enseigne. Logiquement, lorsqu'on a fait preuve d'une telle generosite a l'egard de quelqu'un, on s'attend au moins a un acte de reconnaissance de sa part. Comment de Gaulle a-t-il retourne l'ascenseur? Ecoutez la reponse de Francois Xavier Verschave, extrait de La Francafrique, dont il est l'auteur " Foccart expedie au Cameroun une veritable armee : Cinq bataillons, un escadron blinde, des Chasseurs bombardiers T26. A sa tete, un veteran de guerre d'Indochine et d'Algerie, le General Max Brillant, surnomme " le Viking ". En Extreme-Orient, ce colosse blond a commande durant deux ans la 22e RIC, les Casseurs de Viets. (.) Le General Brillant se pose en rouleau-compresseur, et le Colonel Lamberton en stratege. (.) La lutte anti-guerilla menee par les Commandos coloniaux est d'une brutalite inouie. Vagues d'helicopteres, Napalm. C'est une prefiguration de la guerre du Vietnam que se jouent les veterans d'Indochine. Leur rage est d'autant plus grande que sur plusieurs fronts ils remportent des succes ponctuels. " Les massacres de l'armee francaise en pays BAMILEKE ont toujours fascine Verschave. President de Survie, une ONG francaise humaniste, il s'est rendu au Cameroun pour enqueter et chercher a comprendre. Dans le No 135 de l'hebdomadaire Camerounais Mutation publie le 23 juillet 1998, Verschave tire cette conclusion a la page 5 : " Ce qui m'a le plus frappe au cours de mon enquete, c'est que ces faits macabres suscitent encore une telle terreur que tous mes interlocuteurs camerounais en etaient comme stupefies. Ils m'ont dit qu'il s'agissait de quelque chose d'explosif, et qu'eux-memes avaient du mal a entreprendre une demarche a caractere historique et scientifique sur ces carnages de l'armee francaise. Des lors, je me suis dit que si 40 ans apres il y a encore une telle = terreur, on peut etre certain qu'il s'est passe quelque chose de terrible. (.) Les Camerounais sont en droit de savoir ce qui s'est passe et d'avantage ce qui se passe. Il leur revient de definir l'urgence ou non d'une telle demarche " Verschave vit a Paris, et ses travaux sur ce genocide pourraient constituer une base de ressources determinante. Malgre la gravite de ce crime telle que decrite par ses auteurs et des observateurs avertis, la conspiration du silence est flagrante. Le genocide du peuple BAMILEKE est le seul qui echappe etrangement au registre des horreurs qui ont marque l'histoire de l'Humanite. Les Juifs, les Armeniens, les Kurdes, les Tutsi.ont eu droit a une reconnaissance internationale et/ou a un Tribunal Penal. Une analyse, meme superficielle des phenomenes historiques, permet de comprendre a quel point les BAMILEKE ont ete martyrises. Disperses aujourd'hui entre les montagnes de l'Ouest du Cameroun, ils font partie de la Grande famille africaine qui a connu 4 siecles d'esclavage, suivie d'une tentative de lavage de cerveau par les conquetes religieuses ( qui a heureusement echoue en pays BAMILEKE ), et de plusieurs decennies de colonisation. Aucun peuple en Afrique n'a aussi souffert que les BAMILEKE, face a une puissance militaire occidentale. Il y a les Algeriens certes. Mais eux au moins furent soutenus et aides par leurs freres arabes des pays magrhebins et Moyen-Orientaux, et par une grande partie de l'opinion francaise. En Algerie, l'armee francaise etait en guerre contre une Nation qui se defendait avec des moyens certes limites, mais appropries. Le Parlement francais vient d'ailleurs de voter un texte qui pour la premiere fois reconnait le terme " guerre " dans la campagne francaise en Algerie. Les BAMILEKE ont-ils beneficie ne fut ce que d'un centieme du soutien semblable a celui dont ont eneficie les Algeriens ? Les Francais n'ont-ils pas eu le loisir d'exterminer un peuple indigene sans defense au fond de l'Afrique Equatoriale sans que le monde entende le moindre bruit ? L'opinion francaise considere toujours le General de Gaulle comme le plus grand heros francais de tous les temps. Que cet homme que les Camerounais et les BAMILEKE ont pourtant accueilli et aide dans ses moments difficiles - se soit rendu coupable d'un tel crime augmente notre revolte, et montre a quel point les Francais peuvent etre ingrats. Comme tous les peuples de la terre, les BAMILEKE ont aspire legitimement a la liberte, au droit de disposer eux-memes de leur propre destine, qui est un droit inne et inalienable, comme defini dans la Declaration Universelle des Droits de l'Homme, et dans tous les Traites Internationaux. Les BAMILEKE ont souhaite un Cameroun fort, uni, prospere. Pour cette cause somme toute legitime,une frange de Patriotes inflexibles s'est soulevee contre une force d'occupation, exactement comme les Francais contre les forces du IIIe Reich. Ceci a-t-il donne le droit au General de Gaulle de depecher des chasseurs bombardiers contre un peuple qui savait a peine ce que c'est qu'une arme a feu, et dont la majorite n'etait que des enfants, des femmes et des vieillards? Pourquoi les Francais ont-ils toujours nourri une telle haine a l'egard des BAMILEKE ? Pour comprendre les raisons, il est conseille de se referer a Jean Lamberton, tristement celebre doctrinaire du gaullisme criminel, qui dans un article intitule " Les BAMILEKE dans le Cameroun d'aujourd'hui " publie dans une revue des strateges = Francais en mars 1963, declarait : " Les BAMILEKE sont une minorite ethnique qui represente un caillou bien genant dans la chaussure de la France " On n'en dira pas plus. Voyons ! Les BAMILEKE sont-ils une minorite ethnique au Cameroun comme le decrit Lamberton ? Cette volonte irresponsable de travestir la verite, diffusee grace a une litterature de haine bien structuree, s'inscrivait dans l'optique annoncee de ces massacres. La campagne militaire avait donc un but precis : Ecraser les Bamileke pour que les survivants ne constituent plus qu'une minorite ethnique, incapable de troubler le sommeil de la Mere-Patrie. Le temps a prouve comment Lamberton s'est trompe. Oui, il est aise de le prouver, les BAMILEKE ont toujours gene la France. Dans leur reve de devenir une puissance planetaire, les Francais ont fait usage de tous les artifices pour empecher l'emergence des bourgeoisies autochtones dans les pays d'Afrique places sous leur Tutelle par la Societe des Nations. De tous les 14 pays de la zone francs qui restent aujourd'hui, et sans lesquelles les Francais ne seraient rien, 13 sont domines economiquement par la France. D'Abidjan a Dakar, de Libreville a Conakry, de Brazzaville a Bangui, de Djamena a Bamako etc. la France rayonne. Boulangeries, epiceries, echoppes, bars etc., sont entre des mains francaises, de meme que les centres commerciaux, et l'import-export. Le Cameroun echappe a la regle. Gra ce aux BAMILEKE, dont le flair en affaires a fascine tant de monde entier, les Francais ont = echoue dans leur tentative d'etendre leur imperialisme economique sur le Cameroun. Et les Francais ne comprennent toujours pas comment un peuple sauvage, qui decouvre a peine ce qu'est une route bitumee, ait pu developper un tel sens des affaires. Le Colonel Lamberton a donc raison lorsqu'il parle de caillou genant. L'extermination des BAMILEKE dans ce cas doit etre comprise comme une facon bien francaise, lache et criminelle, d'effacer un adversaire economique. Et la rebellion un pretexte. Mongo Beti ne cesse de le dire depuis 40 ans, l'ecroulement de l'influence francaise au Cameroun supposait la fin de son imperialisme dans toute la sous region de l'Afrique Centrale, et une grande partie de ses ouvrages y sont consacres. Le pretexte de la rebellion pour exterminer un peuple est une pratique bien ancienne. Dans le projet de loi relatif a la reconnaissance du genocide armenien en 1915, debattu et adopte au Parlement francais le 29 mai 1998, voici un paragraphe eloquent : " Le gouvernement Ottoman exploite le debut d'un mouvement revolutionnaire armenien pour accrediter la these d'une insurrection des Armeniens Ottomans et l'existence d'un mouvement insurrectionnel, alors que les reactions d'autodefense, tres limitees, des Armeniens demontrent le contraire ". Dans leur campagne d'extermination, M. Ahidjo et de Gaulle ont reussi a faire admettre qu'ils etaient en lutte contre des maquisards, des pilleurs, des violeurs. De tout cela, Il n'en etait rien. Momo Paul, assassine en 1960, son ami Kamdem-Ninyim, Roi Baham qu'Ahidjo n'a pu corrompre, et surtout Ernest Ouandie, Nationaliste intransigeant, etaient avant tout des Patriotes implacables. Ont-ils tue d'autres BAMILEKE comme on a tente de l'insinuer pour les discrediter ? Il est possible. Mais alors ! Les Francais et le General de Gaulle n'ont-ils pas tue et brule leurs concitoyens qui etaient soupconnes de collaboration avec l'Allemagne ? Et le pretexte de la rebellion donnait-il le droit a la France de larguer des bombes chimiques sur des populations innocentes ? Les BAMILEKE ne doivent, en aucun jour, oublier d'honorer la Memoire de leurs martyrs. Une Memoire qui doit rester vivante et vivifiee sans cesse, et qui doit alimenter le desir de survie des generations de demain. Depuis 40 ans, la France et les gouvernements camerounais successifs, y compris celui au pouvoir aujourd'hui, ont reussi a discrediter tous les reperes qui auraient pu permettre a la generation actuelle de prendre conscience. Le plus efficace des moyens d'etouffement et de discredit a ete une technique chere aussi bien aux Francais qu'aux gouvernements camerounais : La CENSURE. Les livres d'histoire au Cameroun sont pleins de petites banalites. Ecrits presque tous sous l'oeil vigilent des censeurs francais, il n'y a nulle trace de l'intervention militaire du General de Gaulle. La France y est toujours presentee en Mere-Patrie, et de Gaulle en bienfaiteur. Ils ont appris a nos parents a chanter la Marseillaise, et les petits eleves des ecoles primaires du Cameroun peuvent vous dire ouH se trouve le Boulevard des Champs elysees a Paris. Les places publiques de Douala et de Yaounde sont truffees de monuments edifies a la memoire des bourreaux. Nos rues leur sont dediees. Cette capacite legendaire pour un bourreau de reussir a se faire accepter comme un bienfaiteur est unique dans l'Histoire. Jean Rostand disait " On tue un homme, on est assassin. On tue des millions d'hommes, on est conquerant. On les tue tous, on est un dieu " Cette metaphore s'applique parfaitement a la France. Francois Xavier Verschave a declare dans un No de Mutation deja cite qu'il revient aux BAMILEKE et aux Camerounais de definir ou non l'urgence d'une demarche, car il faut l'avouer, il y a urgence, d'autant plus que les Francais comptent sur l'usure du temps. Et pourtant, dans une allocution prononcee a Vienne en janvier 1984, le President Mitterrand a declare : "Il n'est pas possible d'effacer les traces d'un genocide qui vous a frappe. Cela doit etre inscrit dans la memoire des hommes et ce sacrifice doit servir d'enseignement aux jeunes en meme temps que la volonte de survivre afin que l'on sache, a travers le temps, que cepeuple n'appartient pas au passe, qu'il est bien du present et qu'il a un avenir ". ( C'est nous qui soulignons) Malgre la certitude qui caracterise ce genocide, il y a un certain nombre d'elements que seuls les Francais peuvent fournir : Les rapports de missions de leurs Officiers. Il existe un seul moyen credible a la France pour prouver sa bonne foi : OUVRIR SES ARCHIVES et RECONNAITRE CE GENOCIDE. L'acces a ces archives permettra d'identifier la plupart des charniers qui restent inconnus. La reconnaissance d'un crime est un acte qui honore le bourreau. Voici la teneur du message de Rene Rouquet, Parlementaire francais, a ses homologues le 26 mai 1998 : " Reconnaitre l'existence d'un genocide s'impose a tous, car un tel forfait interpelle l'humanite dans son ensemble. Nier son existence atteint directement les survivants, insulte la memoire des victimes et les assassine une seconde fois. Nier l'existence d'un genocide banalise l'horreur (.) Le devoir de memoire et la lutte contre l'oubli s'impose donc a chacun, aux survivants de la tragedie comme a ceux qui les cotoient, afin que ces actes barbares ne soient pas ignores ou nies. On sait aujourd'hui qu'il est impossible d'entamer un travail de deuil sans que justice soit rendue et que les coupables soient punis, - ou a tout le moins designes quand il est trop tard pour les sanctionner. Le denier est un assassinat de la memoire " ( C'est nous qui soulignons ) Il n'y a rien a ajouter a cette declaration. Il faut simplement esperer ces bonnes intentions, qui ont soutenu la reconnaissance du drame armenien, soit applicables aux massacres en pays BAMILEKE. Plusieurs pays, y compris les Etats Unis et le Vatican, ont reconnu leurs responsabilites dans les crimes qu'ils ont commis a travers l'histoire. La reconnaissance d'une faute, quelle que soit sa gravite, ouvre la porte au compromis. L'ancien Secretaire d'Etat Americain Mac Namara est alle demander pardon aux Vietnamiens. Les Allemands ont reconnu leurs crimes commis en Pologne et un peu partout en Europe. Le Vatican, par la voix du Pape, vient de demander pardon, dans un discours pathetique, pour toutes les atrocites de l'Eglise Catholique. Les Japonais ont implore le pardon de la Chine. Le Parlement francais, en 3 ans, a pose 2 actes successifs : Le terme Genocide a ete retenu pour qualifier les crimes de la Turquie en Armenie, et le terme Guerre pour qualifier la campagne militaire francaise en Algerie. Mais les crimes contre les BAMILEKE ne sont pas a l'ordre du jour. Du moins pas encore. Les Francais chercheront-ils a nier des faits aussi evidents ? Ce ne serait pas etrange. Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la paix, disait ceci : Au XXe siecle, le genocide demeure un fleau frappant l'humanite de maniere recurrente. Le terrible holocauste des Juifs a ete une des plus effroyables violations des droits de la personne et des peuples. Au proces de Nuremberg, les responsables ont ete juges et condamnes. Mais combien d'autres genocides restent impunis ? les responsables s'efforcent de nier leur culpabilite et pretendent a l'impunite. Or le genocide est un crime contre l'humanite dont la condamnation doit etre universelle ; Le temps ne diminue en rien la responsabilite de ses auteurs et il n'y a pas de peremption pour un tel crime ". C'est nous qui soulignons Cette publication vise a briser le silence qui entoure tragiquement ce genocide, et a appeler tous les patriotes qui detiennent une parcelle d'information sur ce drame, aussi petite soit-elle, a la livrer, pour la posterite. Elle appelle a la concertation, a un travail collectif et organise, dirige par une structure centrale consensuelle. Depuis quelques annees, des recherches isolees ont ete entreprises dans certains villages BAMILEKE. Certaines chefferies ont organise des funerailles a la memoire des victimes a une echelle reduite. La concertation rendrait ces demarches plus efficaces et plus credibles. Cette publication est egalement un appel pour une Conference Internationale sur ce genocide, sur laquelle un groupe de patriotes travaillent en ce moment a Londres. Pourquoi une Conference Internationale ? Elle permettra de donner un impact mondial a la demarche, et brisera l'isolement des recherches menees par des volontes individuelles. A propos de cette conference internationale, voici les avis de deux grands intellectuels, les Professeurs Jean-Louis Dongmo et Mongo Beti. Repondant a la lettre d'invitation a lui adressee pour cette = conference, le Pr Dongmo a ecrit " En m'excusant du leger retard mis a vous repondre, je voudrais par la presente, d'abord vous remercier de m'avoir invite a participer au colloque de Londres sur le genocide BAMILEKE, et vous dire que je suis tout a fait interesse a prendre part a ces assises. En effet, il s'agit d'un probleme qui me preoccupe depuis longtemps, et je suis content de savoir que l'occasion va m'etre donnee d'en discuter avec d'autres personnes, et surtout de lui faire acquerir aux yeux du monde l'importance qu'il merite " ( C'est nous qui soulignons) Le Pr Dongmo est Doyen de la Faculte des Arts, Lettres, et Sciences Humaines. Mongo Beti, qu'on ne presente plus, repondant a la meme invitation, a ecrit " Bien sur, je participerai volontiers a la manifestation que vous envisagez d'organiser. Le genocide dont les BAMILEKE ont ete victimes fait de moins en moins l'objet d'un doute. Voyez par exemple le livre de Verschave "La Francafrique". Ce qui manque, ce sont les chiffres. Il y a probablement des centaines de milliers de morts. Nous avons un devoir de memoire sur cet episode tragique de notre histoire nationale. Vous avez ma totale approbation " (C'est nous qui soulignons) Plusieurs chercheurs et Historiens Occidentaux sont egalement interesses par cette Conference. Depuis des annees, un grand philosophe camerounais, le Pr Sindjoun Pokam, defend une these qui ne releve plus seulement des revendications intellectuelles. DES FUNERAILLES COLLECTIVES ORGANISEES A LA MEMOIRE DES VICTIMES DE CE GENOCIDE. Les revendications du Pr. Sindjoun sont fondees, legitimes, et voici pourquoi : Dans la civilisation BAMILEKE, lorsqu'on perd un membre de la famille, on porte son deuil et on organise ses funerailles. Les funerailles sont, chez les BAMILEKE, le dernier rempart qui resiste farouchement aux assauts alienants et devastateurs des apports exterieurs. Une communaute, quel que soit son degre de developpement, a besoin de reperes. Dans les moeurs BAMILEKE les plus ancrees, les vivants entretiennent avec leurs morts tout un faisceau de relations, d'obligations constituees de rites divers. Ce sont ces rites qui garantissent la cohesion, la morale, l'ordre social et la survie du groupe. Une communaute ne peut ignorer cela sans voir son tissu social se disloquer en lambeau. Les funerailles sont cette vigilance qui rappelle a chaque peuple son evoir envers les morts. Les revendications du Pr. Sindjoun ont un fondement a la fois historique et culturel. Un grand nombre de BAMILEKE de tous les ages et de toutes les couches sociales commencent a decouvrir et a comprendre le bien-fonde de ces funerailles. Depuis 3 ans deja, quelques associations travaillent dans cette perspective sur place au Cameroun. Parmi elles, " Binam 21e Siecle ", que dirigent le Pr. Nimangue Ti-Hemadeu et l'ingenieur Djouteu Dieudonne et qui travaille avec les Rois BAMILEKE " Poola'a " qui est a la pointe de ce combat, et des personnalites politiques de premier plan comme M. Albert Dzongang, Dr Njapom Paul, Me Mbami Augustin, ou meme Jean Michel Nintcheu ... L'autre but de cette publication et de susciter un debat general sur cette question fondamentale. Les BAMILEKE restent un peuple en deuil, et le temps ne fera rien a l'affaire. Chaque fille ou fille BAMILEKE porte en lui ou en elle une part de malediction. Les massacres de la France doivent faire l'objet d'un debat national et devraient desormais conditionner et determiner le type de rapports que les BAMILEKE, grand reservoir electoral, doivent entretenir avec les Hommes politiques. Et ce debat doit commencer, des aujourd'hui, par l'Assemblee Nationale. Les instruments juridiques internationaux offrent aux Deputes camerounais des armes d'une tres grande efficacite. Il leur suffira de s'appuyer dessus. En 1948, l'Assemblee Generale des Nations-Unies adoptait une convention proscrivant la pratique du genocide. L'article 1er stipule : " Sont caracteristiques du genocide des actes commis dans l'intention de detruire tout ou partie d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Article 2 : " Les actes vises peuvent etre le meurtre des membres du groupe, les atteintes graves a l'integrite physique ou mentale des membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe a des conditions d'existence devant entrainer sa destruction physique, totale ou partielle, les mesures visant a entraver les naissances au sein du groupe ou le transfert force d'enfants d'un groupe a un autre groupe " Article 3 : " Le crime de genocide recouvre non seulement la mise en oeuvre du genocide, mais aussi toute tentative de le realiser ainsi que la complicite ou l'incitation a la perpetrer " Article 4 : " Toutes personnes s'etant rendues coupables de ce crime doivent etre punies, quel que soit le degre de leur implication " dirigeants constitutionnellement responsables" agents publics de l'Etat et personnes privees " Article 7 : " Les personnes accusees de genocide sont jugees par un tribunal competent de l'Etat, sur le territoire duquel le genocide a ete commis ou par un tribunal international " Les Parlementaires camerounais qui debattent actuellement des lois a l'hemicycle a Yaounde ont ici une occasion d'entrer dans l'histoire. Ce debat parlementaire doit integrer cinq elements vitaux : 1.. La creation d'une commission d'enquete parlementaire sur ce genocide, y compris sur les massacres commis en pays Bassa 2.. L'inscription au programme dans les manuels d'histoire de cette periode tragique de l'histoire du Cameroun 3.. L'interpellation officielle de la France pour l'ouverture de ses archives 4.. La demande d'ouverture des archives camerounaises avec appel aux temoins et leur audition 5.. L'amendement d'une loi relative a l'edification d'un monument a la memoire des victimes de ce genocide et autorisant le deuil. Les Presidents des groupes parlementaires des differentes formations politiques siegeant a l'Assemblee Nationale camerounaise sont directement interpelles et doivent prendre des dispositions necessaires afin que cette question soit inscrite a l'ordre du jour de la prochaine rentree parlementaire. Il s'agit particulierement du RDPC, du SDF, de l'UNDP, et de l'UPC. Chacun de ces groupes a recu ou recevra une requete dans ce sens. Comte tenu de la sensibilite de la question, certains Deputes vont chercher a se derober et a esquiver le sujet. Il se trouvera certainement des Parlementaires courageux pour briser le signe indien. Et l'histoire retiendra. Chaque BAMILEKE, quelle que soit sa condition sociale, ou qu'il se trouve, doit integrer cette question dans sa facon de regarder le Cameroun. Au fait, le progres et la prosperite du Cameroun sont assujettis a ce probleme qui doit liberer le Cameroun, mentalement, psychologiquement et politiquement parlant. Ce document n'a pas pour intention de reveiller les vieux demons du tribalisme sur lequel les gouvernements camerounais successifs ont mise pour regner depuis 40 ans. Il ne donne pas l'occasion a quiconque de l'evoquer pour l'exploiter a des fins criminelles. Il le condamne. Il ne s'adresse pas aux Francais entend que peuple, mais a son gouvernement. L'evocation de la responsabilite directe du General de Gaulle n'est pas une atteinte a la Memoire historique du peuple francais. Les informations sur certaines questions sensibles, tel que l'emplacement des charniers en pays BAMILEKE, ne sont pas publiees ici pour des raisons evidentes. Ce document est public. Sa diffusion et son exploitation n'ont pas besoin d'autorisation. Ses eventuels lecteurs peuvent le diffuser autant que possible. Il n'a pas la pretention d'avoir fait une decouverte. Il est ouvert a toutes les critiques, d'ou qu'elles viennent. Si vous souhaitez etre tenu regulierement au courant de l'evolution des recherches, si vous avez une contribution intellectuelle, materielle ou un temoignage a faire, ecrivez a 'une des adresses ci-dessous. Si vous etes interessez par la Conference Internationale de Londres, ecrivez a l'adresse appropriee. Le travail qui commence maintenant ira a son terme. Peu importe la duree. Il donnera au moins aux generations futures des reperes. Afin que nul n'en ignore,