DETOURNEMENT DE FONDS AU CAMEROUN

Les prochaines cibles de l’opération Epervier La liste des suspects provoque des frayeurs dans le gouvernement. Certains pensent à une explosion du régime, si toutes ces personnes venaient finalement à être poursuivies et… La mission confidentielle confiée en septembre 2007 par le vice-Premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux, Amadou Ali, à un expert financier basé à l’étranger aux fins de débusquer les corrompus et détourneurs des fonds de l’Etat camerounais, est désormais un secret de polichinelle. C’est sur la base d’un fichier de 64 personnalités suspectées de crimes économiques que l’expert devrait mener sa mission. Parmi les personnalités répertoriées, 8 sont déjà incarcérées. Cette traque s’inscrit dans le cadre de l’opération baptisée “ Epervier ” par la presse. Il s’agit d’un vaste mouvement annoncé en fin 2005 par le président de la République, Paul Biya, et mis en œuvre dès le début de l’année 2006 par son gouvernement. Cette lutte contre les détournements de fonds a été vivifiée par les bailleurs de fonds qui l’ont posée comme l’une des conditions pour l’accès à un certain nombre de facilités de réduction de la dette et de la pauvreté. La mission d’investiguer sur les gestionnaires soupçonnés de malversations a ainsi été confiée au vice-Premier ministre. Avant les premières arrestations (Ondo Ndong, Gilles Roger Belinga, …), Amadou Ali avait affirmé que ses enquêtes préliminaires étaient bouclées et qu’il avait de nombreux noms à livrer. Plus d’un an après, l’opération a en réalité fait moins de 10 grosses victimes. Au moment où le peuple qui a applaudi cette initiative de punir enfin les baleines se demande si la lutte était ainsi achevée, Biya a déclaré lors de son discours du 31 décembre 2007 qu’elle devra continuer. Risque d’explosion du régime La découverte de la mission confiée à l’expert par Amadou Ali coïncide avec ce message du chef de l’Etat qui est encore présent dans les esprits. Mais de nombreux observateurs se demandent sur quelle base les listes préalables des suspects ont été dressées. Certains accusés formulent l’hypothèse d’un règlement de comptes. Pour eux, Amadou Ali veut profiter de cette occasion pour liquider ses rivaux politiques et sociaux. Il en est ainsi de Marafa Hamidou Yaya, le ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale, dont des proches disent ne pas comprendre pourquoi son nom figure sur cette liste alors que d’autres prévaricateurs de la République, longtemps suspectés par le peuple, ne s’y retrouvent pas. Quoi qu’il en soit, le public peut se réjouir de ce que ces enquêtes soient engagées. En effet, la masse des populations pauvres du Cameroun sait que sa misère a pour origine la mauvaise répartition des richesses qu’elle s’investit pourtant à produire au quotidien. Toutefois, les personnalités dont les noms figurent sur la liste ci-contre ne sont que des suspects ; ils ne sont ni inculpés, ni même accusés. Mais l’ampleur de la suspicion est telle que le régime Biya peut à tout moment exploser. Des ministres se disent prêts à remettre leur démission au président de la République pour aller préparer leur défense. Les personnalités suspectées de crimes économiques contre l’Etat du Cameroun - Abah Abah Polycarpe, ancien ministre de l’Economie et des finances - Ngamo Hamani Paul Gabriel, actuellement administrateur provisoire de la Camair - Njankouo Lamere Daniel, ancien directeur général de la Caisse autonome d’amortissement, ancien ministre délégué à l’Economie et aux finances - Akumshi Awa Peter, ancien directeur général du Trésor - Meva’a Caroline Dorice, épouse Abah Abah, Minefi - Meva’a Lucien, ancienne secrétaire privé du ministre des Finances - Njomatchoua Justin, ancien secrétaire général au ministère des Finances - Tawamba Charles, ancien directeur général de Campost - Tawamba Pascal, drecteur général de La Pasta - Titi Pierre, ministre délégué au ministère des Finances - Babale Djamila, ancien conseiller financier du ministre des finances - Nsom Blaise, directeur général du Trésor - Nkodo Ze Anatole, directeur de la Commission de privatisation - Nkodo Laurent, actuellement directeur général des Impôts - Mongue Nyamsi, contrôleur financier au ministère des Finances) - Tasong Njukang, inspecteur général des impôts - Evo Mekou, directeur général de la Caisse autonome d’amortissement - Akame Mfoumou, ancien ministre des Finances - Mbia Emmanuel, ancien avocat au ministère des Finances - Dang Bayibidio Esther, épouse Belibi, ancien directeur à la Société nationale d’investissement (Sni) - Siyam Siwe Alphonse, ancien directeur du Port autonome de Douala - Ondo Ndong Emmanuel, ancien directeur général du Feicom - Mendo Ze Gervais, ancien directeur générale de la Crtv, ancien ministre délégué à la Communication - Enam Patricia Daisy, épouse Melone, ancien directeur des finances à la Crtv - Mongori Elisabeth, ancienne directrice du département de la Communication (Crtv) - Ze Meka, ministre délégué à la Défense - Engo Pierre Désiré, ancien directeur général de la Cnps - Etondè Ekoto Edouard Nathanaël, ancien délégué du gouvernement de Douala, Ex-Pca du port autonome de Douala - Atangana Mebara, ancien secrétaire général à la présidence de la République du Cameroun, ancien ministre des relations extérieures - Fotso Michel, ancien directeur général de la Camair, actuellement administrateur de la CBC - Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre, secrétaire général à la Présidence de la République du Cameroun, actuellement ministre de l’Administration territorial - Forjindam Zacheus Mungwe, directeur général du Chantier naval - Bokam Nkoumba Jean Baptiste, ancien directeur de la Bicec et ancien ministre des Travaux publics, actuellement ministre délégué au ministère de la Défense - Fouman Akame Jean, magistrat et conseiller à la présidence de la République du Cameroun - Niat Njifendji Marcel, ancien directeur général de la Sonel et ancien vice-Premier ministre - Kammogne Fokam Paul, directeur général de Afriland First Bank - Metouck Charles, directeur général de la Sonara - Etoundi Oyono Adolphe Emmanuel, ancien directeur de la Société de recouvrement des créances, actuellement directeur général du Port de Douala - Ibrahim Talba Malla Oumate, directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrcarbures) - Okouda Martin Aristide Léopold, ancien ministre des Travaux publics - Atangana Abega Michel Thierry, - Meva’a M’Eboutou Michel, ancien ministre des Finances - Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé - Iya Mohamed, directeur général de la Sodecoton - Edou Joseph, ancien directeur général du Crédit foncier du Cameroun - Belinga Gilles Roger, ancien directeur général de la Société immobilière du Cameroun (Sic) - Motaze Louis Paul, ancien directeur général de la Cnps - Melingui Roger, ancien ministre délégué du Budget et ancien directeur général l’Office de commercialisation des produits de base (Oncpb) - Mouchipou Seydou, ancien ministre des Postes et télécommunications - Owona Grégoire Sébastien, ministre en charge des Relations avec les assemblées - Nkoto Emane David, directeur général de Camtel - Nyodog Perrial Jean, directeur Général de Tradex - Mebe Ngo’o Edgard Alain Abraham, ancien directeur du cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, actuellement délégué général à la Sûreté - Esso Laurent, ministre, secrétaire général à la présidence de la République du Cameroun - Koum Eyoum Maurice, conseiller auprès du secrétaire général à la présidence de la République du Cameroun - Cavaye Yeguié Djibril, président de l’Assemblée nationale du Cameroun - Tanyi Mbianyor Clarkson Oben - Yougkeh Tanfuh, épouse Tanyi Mbianyor - Ken Kome - Amenguele Akin Samuel - Ndedi Rebecca Par Alexandre T. DJIMELI SOURCE: le messager Le 09-01-2008